A.G Club des Benflissistes - Les Algériens du Monde soutiennent M. Ali Benflis

Rassemblement autour de M. Ali Benflis Leader de l'Opposition Algérienne - Talaie El Hourriyet 2019 - Ali Benflis 2019 - @AliBenflis2019 - Respect Président Ali Benflis !
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mercredi, novembre 23, 2016

Ali Benflis Entretien exclusif - THF - Club des Benflissistes

 Le Point Afrique

PROPOS RECUEILLIS PAR MALICK DIAWARA



Président du parti Talaie El Hurriyet, Ali Benflis est depuis dix ans le principal opposant au président Bouteflika dont il a été le Premier ministre de 2000 à 2003. Candidat à la présidentielle algérienne en 2004 et en 2014, il a, à chaque fois, terminé deuxième du scrutin, avec 6,42 % des voix la première fois, et 12,18 %, la seconde fois. Dénonçant une fraude à grande échelle, Ali Benflis a les deux fois contesté les scores qui lui ont été attribués. Alors que le président Bouteflika est hospitalisé à Grenoble et que certains s'interrogent sur sa capacité actuelle à réellement diriger le pays, Ali Benflis s'est confié au Point Afrique.

Le Point Afrique : Des élections législatives sont prévues en 2017. Envisagez-vous d'y participer ?

Ali Benflis : Nous vivons dans une démocratie d'apparat. Aux yeux du régime politique en place, les élections n'ont que trois fonctions : conférer périodiquement une légitimité nominale aux institutions ; accréditer un semblant de normalité dans un pays qui fait face à une impasse totale, politiquement économiquement et socialement, et enfin, entretenir l'illusion de l'existence d'un pluralisme politique dans le pays. Il n'est un secret pour personne que le régime s'assure que les élections remplissent ces trois fonctions au moyen de la tricherie politique. Pour cela, il a fait adopter récemment des lois qui favorisent la fraude électorale, il a créé une instance de surveillance des élections à sa solde et il a par ailleurs confié à l'appareil politico-administratif l'intégralité de la préparation et de l'organisation des échéances électorales à venir. Rien, donc, n'a fondamentalement changé. C'est le régime politique en place qui édicte les règles de la compétition électorale, qui fixe les conditions dans lesquelles elles devront se tenir et qui alloue aux participants leurs quotas de sièges en fonction de leur docilité ou de leur indocilité.

Dans ce contexte, les partis politiques d'opposition se trouvent face à un grand dilemme. Concernant notre parti, nous avons fait le choix de traiter ce dilemme démocratiquement et avons, en ce sens, entamé un processus de large consultation des structures locales du parti au sujet de la participation ou de la non-participation aux prochaines échéances électorales. À l'issue de ce processus, le comité central du parti se réunira, le 7 janvier 2017, et décidera de la position du parti.

Quelles seraient, selon vous, les initiatives à prendre pour assainir le champ électoral et écarter toute suspicion de fraude et de conduite partisane de l'appareil étatique ?

L'assainissement du champ électoral est à notre portée. Nous pouvons nous inspirer de ce qu'ont fait d'autres pays, y compris dans notre voisinage immédiat, pour conférer à leurs processus électoraux l'honnêteté, la sincérité et la transparence qu'ils requièrent. L'enjeu est de mettre fin à la mainmise de l'appareil politico-administratif sur la préparation, l'organisation et le contrôle des élections. Aujourd'hui, la réalité des élections est connue de tous dans notre pays, et c'est cette réalité qu'il importe de changer. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place une véritable instance indépendante et souveraine qui prendrait en charge l'intégralité de la préparation, de l'organisation et du contrôle de tous les processus électoraux. C'est ce que réclame l'opposition avec insistance et ce que refuse avec intransigeance le régime politique en place.

Quels aménagements pensez-vous nécessaires aujourd'hui pour que l'Algérie soit un pays démocratique avec une Constitution acceptée par tous et des institutions capables de fonctionner au-delà des personnes ?

Il ne s'agit pas d'aménagements, mais d'une refondation de notre système politique : le passage d'un pouvoir autocratique à un État de droit exige plus que des ravalements de façade. Il exige un nouveau regard sur la citoyenneté, sur la souveraineté populaire, sur les droits et les libertés, sur la légitimité de l'exercice du pouvoir, sur la représentativité des institutions et sur les conditions d'un fonctionnement démocratique de l'État. L'opposition nationale, à laquelle nous appartenons, réclame un changement consensuel, graduel, ordonné et apaisé. Pour moi, l'Algérie fait face à une véritable crise de régime dans tous les sens de ce concept, qu'ils soient politiques, constitutionnels ou institutionnels.

Compte tenu de ce constat, j'ai proposé un plan global de sortie de cette crise de régime : organisation d'élections sous l'autorité d'une instance indépendante et souveraine à laquelle seraient confiés leur préparation, leur organisation et leur contrôle ; formation d'un gouvernement d'union nationale qui réunirait les forces politiques que ces élections auront fait émerger ; adoption d'un pacte national pour la transition afin de la prémunir contre tous dérapages éventuels ; l'élaboration d'une nouvelle Constitution qui serait l'acte fondateur d'une démocratie fonctionnelle et d'un État de droit. Face à la revendication d'un changement démocratique, le pouvoir en place multiplie les refus et s'emploie à gagner du temps. Mais il sait, comme nous le savons, que les stratégies guidées par le seul souci de gagner du temps ne sont pas des stratégies qui tiennent et durent indéfiniment.

Envisagez-vous de participer à la prochaine joute présidentielle ? Si oui, que mettrez-vous en avant pour séduire le maximum d'électeurs algériens ?

Ce n'est pas d'actualité et ma réponse serait prématurée. J'ai déjà pris part à deux élections présidentielles en qualité de candidat indépendant. Aujourd'hui, je dirige un parti, et c'est à ce parti qu'il reviendra le moment venu de se déterminer par rapport à cette échéance électorale. Quant à mon programme politique, je crois qu'il est maintenant parfaitement connu de mes compatriotes. Ses mots d'ordre sont la modernisation de notre système politique, la rénovation de notre système économique et la conduite de profondes réformes sociales qui mettraient la société algérienne en harmonie avec son temps et son environnement.

Moderniser notre système politique, cela signifie pour moi un État de droit avec tout ce que cela induit. Rénover notre système économique, c'est mettre fin à un État rentier qui a fini par transformer toute une société en société rentière. Conduire des réformes sociales, c'est, pour moi, réhabiliter la valeur du travail et de l'effort, instaurer les vraies valeurs de solidarité nationale et de justice sociale, mettre fin au régionalisme, au corporatisme et au clanisme dans la gestion de l'État et combattre sans relâche le fléau de la corruption qui a fini par tout gangrener.

Quelles mesures seraient adéquates aujourd'hui pour endiguer les antagonismes sociaux qui traversent la société algérienne ?

Les antagonismes sociaux, qui traversent notre pays, sont les manifestations d'une société algérienne déboussolée et dévitalisée, une société en perte de valeurs et de repères. Ils sont le fruit d'un système politique en place depuis trop longtemps, bâti autour d'un pouvoir personnel à vie, fonctionnant au moyen du clientélisme politique, économique et social. Le résultat en est que désormais le pouvoir et ses clientèles sont sur une rive et le reste de la société sur une autre.

Cette fracture est destinée à s'exacerber tant que nos institutions pécheront par manque de légitimité, qu'elles peineront à asseoir leur crédibilité au sein de notre société et qu'elles jouiront d'aussi peu de confiance de la part de nos compatriotes. Je reste convaincu que le traitement de ces antagonismes et leur résorption résident dans la modernisation de notre système politique. Cette modernisation passe inévitablement par l'édification d'un État de droit.

Pays avec une grande frange de sa population jeune, l'Algérie a besoin d'un grand plan d'éducation. Que mettriez-vous dedans et sur quels leviers envisageriez-vous de jouer pour, d'un côté, améliorer l'école algérienne, et de l'autre, adapter la formation des étudiants aux besoins d'un tissu économique porteur pour l'Algérie ?

Il est indispensable de sortir le débat sur l'école algérienne de tous les carcans idéologiques dans lequel il a été enfermé. Deux questions essentielles doivent être posées : de quelle école algérienne avons-nous besoin pour donner à notre jeunesse la meilleure formation possible et la munir des meilleurs outils du savoir et de la connaissance pour bâtir l'Algérie du XXIe siècle ? Et de quelle école la société algérienne a-t-elle besoin pour porter sa prospérité économique et entretenir sa cohésion et son harmonie sociales ? Voilà les deux questions fondamentales auxquelles il nous faut apporter des réponses satisfaisantes pour tous. Pour cela, il nous faudra sortir des postures antagonistes ; chacun devra quitter le camp dans lequel il s'est retranché pour aller à la rencontre de l'autre ; et chacun devra convenir que l'école est partie intégrante d'un projet de société.

Entre une école qui ne serait que la réplique de l'école religieuse et une école qui ne serait que la réplique de l'école laïque, il y a place pour une école algérienne ouverte sur le monde et sur son temps, et solidement enracinée dans les valeurs spirituelles et morales de notre société. L'école algérienne mérite un débat national. Je suis pour un tel débat ; il ne suscite en moi aucune appréhension, car je suis persuadé que nous parviendrons à faire de l'école un objet de consensus national, et non un objet de dissensions et de fractures, qui se réveillent à chaque tentative de réformes parcellaires décidées unilatéralement et autoritairement.

Enseignement en français, en arabe, en amazigh : vraie ou fausse question, selon vous ?

La question ne se pose pas ainsi. L'arabe et le tamazight sont les langues nationales et officielles du pays. Elles sont donc naturellement les langues d'enseignement. La langue arabe a repris sa place naturelle dans notre système éducatif. Quant à la langue tamazight, elle n'a acquis sa reconnaissance comme langue nationale et officielle que récemment, et beaucoup d'efforts restent à consentir pour consolider son nouveau statut dans notre système éducatif. Le dossier des langues d'enseignement dans notre pays est donc un dossier clos. Il reste maintenant le dossier de l'enseignement des langues étrangères : le choix est posé entre la langue française et la langue anglaise. Je dois reconnaître que le débat est animé, pour ne pas dire virulent.

Cependant, ce que je constate, pour ma part, c'est que notre système éducatif, dans ses conditions actuelles, n'assure que très difficilement l'enseignement du français ou de l'anglais. Je le regrette profondément, car cela appauvrit la formation dispensée à notre jeunesse, limite son accès au savoir universel et restreint son ouverture sur le monde. Pour moi, il y a place dans notre système éducatif pour l'enseignement des deux langues. Les technologies et les moyens pédagogiques modernes le permettent. Il suffit d'en doter notre système éducatif, et le reste suivra.

Sur le plan économique, l'Algérie est dans une situation compliquée du fait d'une diversification pas ou peu engagée. Quel est votre plan et quelles réformes structurelles envisagez-vous pour remettre les choses à l'endroit et permettre à l'Algérie de ne pas s'enliser avec la fin des époques de pétrole et de gaz abondants ?

Je pense qu'il serait illusoire de parler de rénovation économique dans notre pays sans la modernisation de notre système politique. Le système économique algérien reste à bâtir, car l'actuel est fait de bric et de broc et n'est qu'un amalgame entre les résidus de l'ancienne économie administrée, le secteur informel tentaculaire et le secteur sous l'emprise directe du pouvoir en place qui le gère de manière clientéliste par l'octroi de rentes de situation à ceux qui ont ses faveurs. L'économie algérienne est ainsi en habit d'arlequin : elle n'a ni cohérence, ni logique, ni dynamique lisible et prévisible. Les réformes structurelles à engager sont connues. Ce qui manque aujourd'hui, c'est un pouvoir politique qui ait le courage politique de les décider et de les conduire.

Au plan global, il s'agit de dépolitiser l'acte économique, de le débureaucratiser, de lui assurer un encadrement juridique stable, de lever toutes les hypothèques que fait peser sur lui la corruption qui sévit à large échelle et d'inverser la courbe de l'expansion de la sphère économique informelle.

Du point de vue des outils économiques, il s'agit de moderniser notre système bancaire, de rénover nos instruments fiscaux, de mettre en place un véritable marché financier, de réunir les conditions attractives pour l'investissement national et étranger.

Enfin, s'agissant des grandes politiques de développement, il s'agit de mettre en œuvre de véritables stratégies industrielles, énergétiques, agricoles et touristiques.

Vaste programme, me direz-vous, et vous aurez raison. Mais, encore une fois, je reste persuadé que notre pays dispose des ressources et des capacités qui justifient cette ambition. Aux grandes causes, les grands moyens, et ces moyens seuls pourront les mobiliser, un État de droit qui doit être la clef de voûte de la modernisation de notre système politique.

L'Algérie a occupé une place importante sur le continent à l'époque des non-alignés. Comment voyez-vous sa renaissance politique et économique sur la scène africaine ? Quelles initiatives prendriez-vous pour l'impulser ?

Le non-alignement, produit de son contexte historique, a apporté des réponses aux problèmes posés par la guerre froide et la bipolarisation du monde. Ce contexte a changé radicalement du fait de la mondialisation qui représente aujourd'hui une épreuve et un défi pour le monde en développement en général, et pour l'Afrique en particulier. Elle peut susciter des angoisses et des peurs chez certains, comme elle peut faire naître des réactions de rejet, voire de repli sur soi, chez d'autres. Pour autant, est-il possible et raisonnable de miser sur une démondialisation ? Je ne le crois pas. L'enjeu pour l'Afrique est donc de trouver sa place dans le nouveau monde globalisé. Et elle ne pourra pas l'occuper avec des gouvernances politiques, économiques et sociales d'un âge révolu.

L'Algérie est une Afrique en miniature. Les maux qui entravent son propre développement sont ceux-là mêmes qui empêchent le développement de l'Afrique dans son ensemble. Les pays africains qui réussissent le mieux sont ceux qui se sont engagés sur la voie de la construction d'un État de droit, qui n'est pas seulement la condition de l'épanouissement politique des pays, mais qui est aussi la condition de leur essor économique et social. Certains pays africains ont saisi le sens de ce message, mais d'autres, beaucoup d'autres, tardent à le faire. C'est cette problématique-là qu'il nous faudra prendre à bras-le-corps. Avec la naissance de l'Union africaine, des pas appréciables ont été faits dans cette direction, mais le chemin reste encore long.
La réussite de l'intégration africaine de même que le renouveau économique et social dépendront de l'édification des États de droit, et c'est ce message-là que l'Algérie démocratique portera haut et fort dans notre continent.

Quid de ses relations avec la France, d'un côté, et le Maroc, de l'autre ?

Entre l'Algérie et la France, il y a des réalités que l'on ne peut éluder ou effacer. Il y a le poids de l'Histoire ; il y a le poids du voisinage ; il y a le poids humain ; et il y a le poids d'intérêts partagés réels. Il y a là un héritage qui peut s'apprécier différemment ; mais il y a aussi un socle sur lequel peut être bâtie une relation algéro-française mutuellement profitable. Néanmoins, nous pouvons et nous devons faire plus et mieux. Pour cela, il nous faudra commencer par bâtir une véritable relation d'État à État, et cesser de succomber aux tentations de la personnalisation de cette relation. Notre pouvoir politique personnalise fatalement le fonctionnement de l'ensemble de l'État et cela impacte sa politique étrangère. Dès lors que la relation est personnalisée, les états d'âme prennent le pas sur les politiques et les intérêts d'État. Le jour où nous pourrons parler d'une véritable relation d'États entre l'Algérie et la France, ce jour-là, un grand pas aura été franchi et nos intérêts communs, qui sont nombreux, seront mieux servis.

Les relations entre l'Algérie et le Maroc, quant à elles, ne sont pas au mieux de ce qu'elles pourraient ou devraient être. Les raisons en sont connues. Il y a la question du Sahara occidental dont les conditions de règlement font l'objet d'une grande divergence entre les deux pays. Il y a aussi, la question des frontières fermées depuis plus de deux décennies. L'existence de ces problèmes est préoccupante. Mais ce qui l'est davantage, c'est l'absence de tout dialogue. Tout doit commencer par le rétablissement du dialogue entre l'Algérie et le Maroc rompu depuis une quinzaine d'années. Alors, un grand pas sera franchi, et cela nous permettra de nous atteler à la recherche sereine de solutions aux contentieux existants. Au-delà de la résolution de la question du Sahara occidental, l'enjeu déterminant est aussi celui de l'intégration régionale à travers la réouverture du chantier de la construction du Grand Maghreb.

Le terrorisme islamique progresse sur le continent inspiré par l'idéologie wahhabite. Comment pensez-vous qu'il soit possible de le juguler ?

Je suis personnellement en profond désaccord avec ce concept de terrorisme islamique pour trois raisons : d'abord, le terrorisme n'est qu'une nouvelle forme de grande criminalité internationale organisée qu'il faut traiter comme telle ; ensuite, en concédant la qualification d'islamique à cette forme de criminalité, on s'insère dans sa logique de reconnaître que ses forfaits sont commis au nom d'une religion ; enfin, ce concept foncièrement erroné de « terrorisme islamique » contribue implicitement à conférer à des organisations criminelles une sorte de légitimité. Ceux qui manipulent ce concept de terrorisme islamique de manière consciente ou inconsciente font précisément le jeu de ces organisations criminelles qui ne demandent rien d'autre qu'à voir reconnaître à leurs agissements barbares et inhumains une forme d'élévation idéologique ou religieuse. Commençons donc d'abord par éviter les amalgames qui peuvent nous conduire à nous tromper sur l'identité et sur les véritables motivations de ceux que nous combattons.

De phénomène isolé et circonscrit le terrorisme a pris une dimension internationale et transnationale. En conséquence, c'est par une coopération internationale à la mesure de l'expansion de ce phénomène qu'il devra être combattu. Cette coopération internationale a déjà fait la preuve de son effectivité et elle doit être constamment renforcée. Bien sûr, le terrorisme ne sera pas battu par des guerres-éclairs. Son éradication prendra du temps, il importe donc que la coopération internationale qui s'est organisée et qui se développe prenne dûment en ligne de compte ce paramètre fondamental.



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